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Psychologie: Le cybersexe une drogue dangereuse ?

created Feb 21st 2020, 20:05 by PsychDev


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Le cybersexe : une drogue dangereuse
 
L’explosion de l’Internet au début des années 1990 est un phénomène sans précédent dans le monde des communications. Toutefois, malgré les nouvelles possibilités que nous offre ce médium, son utilisation quotidienne fait naître de nouvelles problématiques psychologiques. Par exemple, la toile a ses « accros ». Si l’on en croit les chiffres du Dr David Greenfield, psychologue américain auteur du livre : Virtual Addiction, 6 % des utilisateurs souffrent d’une forme quelconque de dépendance à Internet. Comme il y a environ 250 millions d’utilisateurs d’Internet à travers le monde, le calcul est simple : plus de 13 millions de personnes souffrent d’une forme de dépendance à l’Internet qui se manifeste à travers le clavardage, le courrier électronique, le cybersexe, les achats en ligne, la navigation complusive, etc.).  
 
Virtual-Addiction  
- http://www.virtual-addiction.com   
Site du Dr David Greenfield, psychologue, États-Unis (site en anglais).
 
Il semble que le terme « addiction à l’Internet » ait été utilisé pour la première fois lors du colloque de l’American Psychological Association (APA) qui s’est déroulé à Toronto en 1996. À cette occasion, la psychologue américaine, Kimberly Young, présentait un article intitulé: Internet Addiction : The emergence of a New Clinical Disorder. Selon le Dr Young, des données de recherche indiquent que certains individus deviennent dépendants de l’Internet de la même façon que d’autres deviennent dépendants des drogues, de l’alcool ou du jeu. Comme pour les autres formes de dépendance, la dépendance à l’Internet conduit à une réduction de la performance au travail, aux désordres conjugaux et à la séparation.
 
Le psychologue américain, Al Cooper, est l’auteur du livre : Sex and the Internet, A guidebook for clinicians. Il est aussi directeur et chercheur au Centre de recherche sur la vie de couple et la sexualité de San Jose en Californie et il a participé à plusieurs enquêtes sur le cybersexe menées par le réseau MSNBC. À partir d’un échantillon de 40 000 réponses à un sondage sur le site Web de MSNBC, il a choisi au hasard un échantillon de 7 000 hommes. De ce nombre, il s’est ensuite intéressé à 384 sujets qui rapportaient avoir des problèmes sexuels liés à l’Internet. Ce groupe d’hommes mentionnaient avoir une activité sexuelle en ligne d’une moyenne de 5,7 heures par semaine, c’est-à-dire pour des périodes deux fois plus longue que le reste de l’échantillon.  
 
Selon Al Cooper, passer des heures à « surfer » sur les sites pornographiques n’est que la pointe de l’iceberg de ces problèmes de comportements sexuels obsessionnels. Les sujets interrogés rapportaient qu’ils utilisaient Internet pour faire baisser la tension et se libérer du stress. Plutôt que d’aller faire du jogging ou de s’adonner à d’autres activités récréatives, ces individus retournent toujours, inlassablement, vers le cybersexe. Il semble évident que ces comportements répétitifs provoquent de l’isolement chez ces internautes qui en viennent à vivre leur vie de manière virtuelle plutôt que d’expérimenter de vraies choses avec des partenaires réels dans la vie réelle.
 
Aux États-Unis, le Dr. Kimberly Young, psychologue, dont nous avons déjà parlé, s’intéresse aussi au phénomène du cybersexe depuis son apparition dans le milieu des années 1990. Le Dr. Young figure parmi les plus grandes spécialistes du cybersexe compulsif au niveau mondial. Elle a déjà publié deux livres traitant de la dépendance à l’Internet et du cybersexe, ainsi que plusieurs articles scientifiques qui explorent cette nouvelle problématique.  
 
Netaddiction.com Center for Online Addiction
- http://www.netaddiction.com   
Site du Dr Kimberly Young, psychologue, États-Unis (site en anglais).
 
Le Dr Kimberly Young propose sur son site Web un questionnaire simple qui peut vous permettre d’évaluer si vous êtes intoxiqué au cybersexe. Nous vous présentons, ici une traduction libre du questionnaire du Dr Young. Répondez simplement aux questions des dix items suivants par oui ou par non.
 
Êtes-vous intoxiqué au cybersexe ?
 
1. Passez-vous régulièrement une quantité significative de temps dans les sections de clavardage (chat rooms) et d’échanges de messages en privé avec le seul objectif de trouver du cybersexe ?
 
2. Êtes-vous préoccupé avec l’utilisation d’Internet pour trouver des partenaires sexuels en ligne ?
 
3. Utilisez-vous fréquemment des communications anonymes pour vous engager dans des fantaisies sexuelles qui ne se produisent pas nécessairement dans la vraie vie ?
 
4. Anticipez-vous votre prochaine session de navigation sur Internet avec l’espoir de trouver de l’excitation et de la gratification sexuelles ?
 
5. Trouvez-vous que vous passez fréquemment du cybersexe aux téléphones sexuels (ou même à des rencontres réelles) ?
 
6. Cachez-vous vos interactions sur Internet aux autres personnes significatives de votre vie ?
 
7. Vous sentez-vous coupable ou honteux de l’utilisation que vous faites de l’Internet ?
 
8. Au début, étiez-vous accidentellement dirigé vers le cybersexe alors que maintenant vous le cherchez activement lors de vos connexions à Internet ?
 
9. Vous masturbez-vous lors de vos connexions à Internet pendant que vous effectuez un clavardage érotique ?
 
10. Êtes-vous moins impliqué avec votre partenaire sexuel de la vie réelle alors que vous préférez le cybersexe comme première source de gratification sexuelle ?
 
Selon le Dr Young, si vous avez répondu oui à l’une ou l’autre de ces questions, il est possible que vous commenciez à être intoxiqué par le cybersexe. Soyez vigilant! Ce qui n’était au départ qu’une simple curiosité pourrait devenir pour vous une véritable obsession et avoir des conséquences néfastes dans plusieurs sphères de votre vie.  
 
Comment traiter un « accro » du cybersexe ?  
 
Contrairement aux dépendances impliquant une substance telle les drogues, l’alcool et même le tabac, la dépendance au cybersexe et la consommation compulsive de pornographie n’entraînent pas de dépendance physique. L’effet de cette dépendance est psychologique. Il est en effet possible de devenir dépendant psychologiquement de beaucoup de choses dont la pornographie et le cybersexe.  
 
Avant tout, il convient de ne pas généraliser et de ne pas être alarmiste. Chaque fois qu’un partenaire du couple souhaite utiliser de la pornographie, il ne s’agit pas nécessairement de dépendance et de compulsion sexuelle. La consommation de pornographie et de magazines érotiques peut ne pas être problématique. C’est surtout à travers une consommation excessive que des distorsions de la réalité se produisent et que le couple risque d’en souffrir.  
 
La pornographie exploite le fantasme et, à travers une projection de soi et de l’autre sur l’écran, elle fait se confondre l’imaginaire et le réel. Il ne fait pas de doute que le fantasme sexuel alimente et pimente la vie sexuelle de nombreux couples et la pornographie peut stimuler cette fantaisie. Toutefois, une consommation compulsive de pornographie de la part d’un des partenaires va forcément entraîner un écart dans les perceptions au sein du couple.  
 
Dans cette optique, une approche thérapeutique intéressante consiste à examiner avec un couple leur image d'eux-mêmes, leur image du corps, ce qu'ils considèrent comme sexuel et non sexuel en eux. La suite du processus explorera leur aptitude à objectiver et à intérioriser ces images.
 
Plusieurs autres approches thérapeutiques peuvent être suggérées pour traiter la dépendance au cybersexe. La thérapie cognitivo-comportementale, quant à elle, s’intéresse à la fois à la réduction du comportement dépendant, mais aussi à la modification des croyances ou des pensées qui entretiennent cette dépendance. Dans tous les cas, la personne souffrant de dépendance devra affronter la douleur engendrée par l’obsession et mobiliser de l’énergie pour résoudre cette problématique.
 
Une manière intéressante d’aborder la problématique de la dépendance au cybersexe est de la traiter avec des systèmes déjà réputés efficaces avec d’autres types de dépendances. Les groupes anonymes basés sur les douze étapes de rétablissement ont déjà aidé des dizaines de millions de personnes à se libérer d’assuétudes de toutes sortes. Les AA (Alcooliques Anonymes), NA (Narcotiques Anonymes), OA (Outremangeurs Anomymes) sont des groupes d’entraide regroupant des hommes et des femmes qui partagent leur expérience, leur force, leur espoir, dans le but de résoudre leur problème commun et d'en aider d'autres à se rétablir.
 
Il existe maintenant, un peu partout en Amérique, et aussi en Europe, des groupes de Sexoliques Anonymes (SA) qui viennent en aide aux personnes avec des problèmes de compulsion et de dépendance sexuelles. Au Québec, le premier groupe de SA a vu le jour en 1988. Aujourd’hui, le phénomène prend de l’ampleur et compte maintenant quelques dizaines de groupes dont 10 à 15 % des participants sont des femmes. Ces groupes d’entraide sont ouverts et toute personne avec une problématique d’addiction sexuelle peut y participer à condition d’avoir le désir d’arrêter son comportement compulsif. Les SA sont des groupes anonymes basés sur un programme de rétablissement spirituel qui s’inspire des principes et des traditions des Alcooliques Anonymes.  
 
Source: https://www.psycho-ressources.com/bibli/cybersexe.html

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